Rouvrir l’horizon. Tel est le titre d’un livre publié par Cécile Renouard et Xavier de Bénazé en 2023 avec comme sous-titre « Manifeste d’espérance engagée face aux effondrements ». Rouvrir l’horizon est un besoin largement ressenti dans la société, tant l’actualité reste sombre et anxiogène. Car même si beaucoup d’entre nous s’apprêtent à profiter d’une pause estivale, il n’y a pas de trêve en Ukraine, ni à Gaza. Ces conflits n’ont pas été résolus en 24 heures. Et l’instabilité du monde est aggravée par la politique erratique de l’actuel président des Etats-Unis. La façade d’unité que l’OTAN a péniblement réussi à maintenir la semaine dernière cache mal le profond mépris de l’actuelle administration américaine pour les anciennes alliances.

L’alliance. Voilà un mot biblique dont il vaut la peine de se remémorer la signification. Celles et ceux qui sont mariés portent une alliance au doigt. Signe de la promesse qu’ils ont faite, devant Dieu ou Monsieur le Maire, d’être toujours là pour l’autre. Promesse insensée comme toute promesse. Car qu’est-ce qu’une promesse ? Une façon d’ouvrir l’horizon, de nous projeter dans l’avenir par un engagement. Pourtant le temps ne nous appartient pas et nul ne sait s’il va pouvoir tenir sa promesse. Même la simple promesse « je passe te voir la semaine prochaine », n’est jamais sûre d’être tenue. Mais par l’engagement que nous prenons, nous ouvrons le temps et nous créons un lien de confiance. L’autre sait bien que nous ne maîtrisons ni le temps ni notre engagement, mais il sait aussi qu’il peut compter sur nous, que nous ferons de notre mieux pour tenir la promesse. Ainsi, nous ne sommes plus prisonniers de l’instant, ballotés par les événements. Nous retrouvons un temps long, un horizon ouvert qui peut donner sens à des actions, sens à nos vies.

Le mépris affiché des alliances aggrave l’instabilité du monde. Il brise la confiance entre alliés et, ce faisant, empêche la politique d’ouvrir des horizons, imposant ainsi de vivre dans l’instant et dans le chaos. Un chaos dans lequel les autocrates prospèrent et où les démocrates souffrent car la délibération démocratique a besoin de temps et d’un horizon commun. Au niveau international, l’Europe se trouve bien seule pour chercher à s’extirper du chaos et à imposer, autant que faire se peut, un autre rythme, une vision à long terme, un horizon ouvert.

Rouvrir l’horizon. Devant les événements du monde, nous pouvons nous sentir bien impuissants. Mais qu’en est-il de nos vies ? Sommes-nous aussi prisonniers de l’instant, accrochés au flux incessant des informations ou aux réseaux sociaux ? Un danger qui guette peut-être davantage les jeunes générations, mais ne nous croyons pas trop vite à l’abri de ces addictions. Il devient difficile d’éteindre son smartphone. Nous aurons l’occasion de reparler de cela lors de l’université à Vogüé fin septembre. Dans l’immédiat, l’été est là pour nous inviter à changer nos habitudes. A la fin de la semaine, les écoles fermeront leurs portes et les bacheliers recevront, pour la plupart, leur diplôme tant convoité. Souvenez-vous du sentiment de liberté joyeuse et insouciante qui s’emparait de nous au début des grandes vacances d’été. Elles étaient interminables, il ne se passait peut-être pas grand chose car à l’époque on voyageait moins, mais un temps long s’ouvrait à nous. Un temps pour jouer dehors sans contrainte horaire, pour inventer des jeux avec trois fois rien, pour découvrir la nature, pour côtoyer autrement les adultes aussi. Il n’y avait pas d’école mais bien des apprentissages humains se faisaient pendant ces longues vacances. Alors cherchons cet été à goûter et à partager les bienfaits du temps long dans l’espérance que l’horizon peut toujours se rouvrir. Bon été à tous !

Monique Baujard

Présidente des Amis de La Vie